Les freins à la créativité


Les freins à l'imagination sont les interdits que l'on se pose. Voici quelques-uns des obstacles les plus courants qui entravent l'imagination.

1- La difficulté à demeurer dans le moment présent

Par réflexe de survie, l'esprit cherche constamment à reconnaître ce qu'il rencontre en se référant au passé accumulé. Par exemple, au lieu de voir l'arbre unique qui se trouve devant nous, nous "plaquons" le mot arbre dessus: c'est un érable comme tous les érables reconnus. L'affaire est classée et on a manqué l'occasion d'entrer en contact avec ce que cet arbre-là a de particulier et peut-être de s'émerveiller. Quand on perçoit le monde à travers les mots et la mémoire du passé, on passe à côté de l'instant présent. L'observation "ici et maintenant" favorise la fraîcheur d'esprit, l'ouverture et les rapports inédits. Ainsi, l'attention au présent favorise la spontanéité créative.

2- Vouloir. Contrôler. Rechercher un résultat.

Les idées préconçues et les clichés sont de grands obstacles à la créativité: les jugements sur ce qui est beau ou laid, bon ou mauvais, vrai ou faux, nuisent au processus de la découverte. Si l'on veut réussir, c'est qu'on a déjà une idée de ce que c'est la réussite. Dès lors, on tente de contrôler ce qu'on fait en évaluant constamment le résultat au fur et à mesure qu'il se produit; on le compare avec l'idée qu'on a de ce qui est beau, bon ou vrai. Mais, la créativité demande un genre de gratuité (faire pour rien) et un laisser-aller ludique (jouer) qui ne correspondent pas du tout avec la façon efficace de penser. Le moment créatif est le temps d'ignorer temporairement la volonté, le contrôle et le jugement. Il n'y a pas à craindre, ceux-ci nous seront utiles ensuite.

3- La résistance à voir autrement

Généralement, nous avons une idée de ce que nous sommes, de ce que les autres sont et aussi une idée sur tout ce qui nous entoure. Voir autrement signifie que l'on accepte que ces choses ne soient pas seulement telles qu'on les pense. Évidemment, cela nous inclut aussi. Alors, devant l'inconnu et le mystérieux, on a souvent peur de se perdre et de ne plus se reconnaître.

4- Le jugement trop rapide, l'esprit critique

Puisque notre éducation nous a enseigné à tout évaluer et à trouver la "bonne" réponse, nous cherchons immédiatement les failles dans ce que nous propose autrui ou notre propre imagination. Loin d'avoir une attitude d'accueil et d'ouverture à l'inconnu, nous faisons montre d'un esprit de critique systématique qui étouffe les idées naissantes avant même d'en avoir
exploré le potentiel. Cet état d'esprit est très largement répandu et constitue un frein puissant à l'imagination.

5- La crainte de l'inconnu

Imaginer, c'est concevoir ce qui n'est pas. Or, ce qui n'existe pas, dans la mesure où il est impossible de le cerner, de le représenter, de le rendre familier, effraye. Développer sa créativité, c'est aussi de développer le goût pour l'inédit et de se transformer en un explorateur de l'imaginaire.

6- L'angoisse de se tromper

Cette peur est intimement liée à la crainte de l'inconnu. Imaginer, créer, c'est toujours prendre le risque de commettre une erreur. Il est beaucoup plus facile d'imiter et de se laisser aller à l'habitude que de se créer une vie originale.

7- La peur de l'échec

Rater son coup, ça peut être éprouvant quand on tient à réussir. Pourtant, l'échec est un sous produit de la créativité, car il n'y a pas de carte routière pour se rendre où personne n'est allé. L'échec est une opportunité de se connaître soi-même, plutôt qu'un problème.

8- La difficulté à jouer, à rêver

Souvent, on choisit la première réponse qui nous semble "bonne" ou plus facile. De peur de ne plus avoir d'idée ou de réponse, on s'accroche à celle-ci. Pourtant, l'invention vient plus facilement lorsqu'on a envisagé des possibilités ou des angles "bizarres" et lorsqu'on a joué avec les possibilités.
Créer implique qu'on laisse notre esprit voguer au hasard. Les découvertes se font souvent dans un climat de plaisir, où le laisser-aller permet de dépasser le connu.
Pour pouvoir créer, il faut savoir se récréer... ... sérieusement.

9 - La peur du ridicule

"De quoi vais-je avoir l'air si... ?", "Qu'est-ce que les autres vont penser ?", "Qu'est-ce qui plairait?" C'est tellement plus sécurisant de faire ce qui est "normal", accepté par tous et reconnu beau, juste ou vrai.

10- L'esprit de compétition

Lorsqu'on veut être reconnu bon, compétent (à nos propres yeux ou à ceux des autres), on travaille avec des méthodes éprouvées, on refuse d'expérimenter de nouvelles façons de faire, au cas où ça ne fonctionnerait pas.
Pour être meilleur, il faut se comparer; on est toujours meilleur que quelqu'un d'autre. On est aussi toujours moins bon que quelqu'un d'autre et on s'afflige. Alors, au lieu de s'accepter, on se juge impitoyablement. Ça devient une course à l'amélioration infinie, une quête de l'idéal qui empêche de regarder le monde avec des yeux neufs, sans préjugés.

Peintures de Louis-Philippe Day